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Entre Crau et Camargue
27 avril 2007

De l'UDF au Parti démocrate, les rebonds de M. Bayrou

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      LE MONDE | 27.04.07 | 15h48  •  Mis à jour le 27.04.07 | 15h48








En 1978, Valéry Giscard d'Estaing, élu président de la République quatre ans plus tôt, crée l'Union pour la démocratie française (UDF). Son ambition : rassembler "deux Français sur trois". Plus prosaïquement, disposer d'un parti "à vocation majoritaire", capable de tailler des croupières au RPR. En 1981, la défaite de "VGE", trahi par Jacques Chirac, inflige un coup d'arrêt à ce dessein. Il a néanmoins réussi à faire émerger une droite non gaulliste qui tient une partie des rênes du pouvoir.

Presque trente ans plus tard, près d'un Français sur cinq a voté en faveur de François Bayrou au premier tour de l'élection présidentielle. Le président de l'UDF annonce la création du Parti démocrate. "Trente ans, c'est une durée de vie raisonnable", justifie-t-il, disant vouloir tourner la page d'un parti "qui ne regardait que vers la droite".

Donné moribond il y a cinq ans, après la réélection de Jacques Chirac à l'Elysée et le départ de la grande majorité des élus de l'UDF vers la nouvelle Union pour la majorité présidentielle (UMP), voilà le centre, fort des 18,57 % (6,82 millions de voix) recueillis par son candidat, prêt à jouer, de nouveau, un rôle majeur. Et à bousculer une bipolarisation que la réduction du mandat présidentiel à cinq ans et l'inversion du calendrier électoral semblaient rendre inéluctable.

M. Bayrou a souvent raconté, au cours de sa campagne, l'entretien qu'il eut avec Jacques Chirac au siège de campagne de ce dernier, le tapis rouge, après sa qualification au second tour face à Jean-Marie Le Pen. "Tu vas être élu avec 80 % des voix, dont une majorité qui ne viendra pas de ton camp. Il faut que tu en tiennes compte. Tu ne peux pas continuer à faire une politique uniquement pour les tiens", assure-t-il l'avoir adjuré. "Tu n'as rien compris. Je vais faire le parti unique de la droite, et ce sera fini pour ceux qui n'en seront pas", aurait répondu M. Chirac. "La discussion s'est arrêtée là", rapporte M. Bayrou.

Commencent alors cinq ans de solitude. A l'Assemblée nationale, ils ne sont qu'une trentaine de "Bédouins", comme il les a surnommés, à avoir choisi d'accompagner le chef du maigre parti centriste dans sa "traversée du désert". Guère plus au Sénat. "Dans cinq ans, ils n'existeront plus", prédisent les responsables de l'UMP, qui disposent d'une majorité absolue dans les deux chambres.

Isolée, marginalisée, raillée, l'UDF doit se forger une nouvelle identité. M. Bayrou avait signifié son refus de se ranger sous la bannière de M. Chirac par un coup d'éclat à la convention de l'Union en mouvement, en février 2002, à Toulouse. "Si nous pensons tous la même chose, c'est que nous ne pensons plus rien", avait-il lancé à des milliers d'invités médusés. Le voilà désormais contraint de penser par lui-même.

Privé de la tutelle protectrice du grand frère ennemi, il goûte aux charmes d'une liberté retrouvée. M. Bayrou ne laisse pas passer une occasion de se servir de la tribune de l'Assemblée pour apostropher une majorité bien souvent réduite au rôle de spectateur muet.

Et c'est sur la réforme du mode de scrutin aux élections régionales, en février 2003, qu'il monte une première fois au créneau pour s'en prendre à la volonté hégémonique de l'UMP et du PS. "Avec quel mandat du peuple veut-on imposer le bipartisme en France ? (...) Si on croit que l'enseignement du 21 avril, c'est de verrouiller le pouvoir, alors on n'a rien compris", s'exclame-t-il à la tribune du Palais-Bourbon. Pis, il prend la tête d'un large front du refus contre l'"impérialisme" chiraquien. Sans aller, toutefois, jusqu'à voter la motion de censure déposée par la gauche contre le gouvernement.

"On aurait dû lui tordre le cou plus tôt", fulmine alors Josselin de Rohan, le président du groupe UMP du Sénat. Mais l'UDF, sous la houlette de M. Bayrou, n'en finit pas de s'affranchir de la droite. Et c'est le congrès de Lyon, en janvier 2006, où elle dévoile son nouveau slogan : "Libres". Une déclaration d'indépendance qui préfigure la stratégie de M. Bayrou en vue de l'élection présidentielle. S'il veut exister, le centre ne doit plus être assimilé à la droite.

Certains "barons" s'inquiètent. Gilles de Robien, seul ministre UDF du gouvernement, tente de s'y opposer. Mais la nouvelle génération de militants de l'UDF, qui a commencé à se refaire une santé à partir des élections cantonales et régionales, puis européennes du printemps 2004, approuve largement son président.

Il reste à marquer clairement la "rupture" avec la majorité. Celle-ci se fait en deux temps, en dépit des représailles dont l'UMP menace les députés de l'UDF. D'abord par le refus d'approuver le budget, puis avec le vote de la motion de censure, déposée par le PS en mai 2006 contre le gouvernement de Dominique de Villepin, embourbé dans l'affaire Clearstream. "Si nous n'avions pas assumé notre geste, je n'aurais pas été crédible au cours de cette campagne", analyse aujourd'hui M. Bayrou.

A ceux qui continuent de suggérer que le centre a "le cul entre deux chaises", M. Bayrou rétorque que, "pendant longtemps, on a cru qu'il n'y avait que deux chaises ; maintenant, on sait qu'il y en a trois". Sur la troisième, il a l'intention d'installer le Parti démocrate.

Patrick Roger








Article paru dans l'édition du 28.04.07. Elections 2007 : Le Monde chez vous pour 16€/mois

Source : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-902802,0.html

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Commentaires
J
C'est d'autant plus logique que M. Bayrou n'est plus le représentant de l'UDF, il est désormais, grace ou malgrès lui, le représentant d'une forme nouvelle de contestation.<br /> <br /> "45% des électeurs Bayrou revendiquent un vote contestataire" - Sondage des internautes sur http://www.ExtremeCentre.fr
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