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Entre Crau et Camargue
30 avril 2007

A Nice, le procés des réseaux de "Marcel la salade"

LE MONDE | 16.04.07 | 15h45  •  Mis à jour le 16.04.07 | 15h45

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Marcel Giordanengo, dit "Marcel la salade", a perdu de sa superbe. Ce maraîcher de 69 ans répond, d'une voix sourde, aux magistrats du tribunal correctionnel de Nice où il comparaît, vendredi 13 avril, pour "trafic d'influence, escroquerie et détention d'arme". L'ancien président du Syndicat des arroseurs de la plaine du Var, qui se présentait comme "un simple paysan", recevait dans les années 1980 et 1990, lors de "forums" dans sa ferme, "tout le gratin de la Côte d'Azur", souligne Gérard Daver, une des parties civiles : "On se serait cru à la préfecture."

"Il n'était pas question d'argent, on essayait de se rendre service", explique Marcel Giordanengo, qui doit son sobriquet à ce que ses visiteurs quittaient sa ferme les bras chargés de salades. Il n'a plus le profil d'homme de réseaux qu'on prêtait à cet ancien franc-maçon de la Grande Loge nationale de France (GNLF). Pourtant, cet agriculteur "chaleureux" s'est trouvé dans le collimateur du procureur de la République de Nice en 2000. "Il est représentatif de tout un système qui, au-delà de Nice, porte ses racines jusqu'à Paris même", écrit Eric de Montgolfier.

Le dossier Giordanengo, cependant, s'est avéré décevant au plan judiciaire. "La montagne accouche d'une souris... On ne s'est peut-être pas donné les moyens de chercher", a reconnu la représentante du parquet, Muriel Fusina.

A la ferme de Marcel Giordanengo, le samedi matin, affluaient des officiers de gendarmerie - dont un général -, de hauts responsables policiers, des membres du corps préfectoral, des hommes politiques. "On discutait de choses et d'autres", selon un magistrat habitué des lieux où des gendarmes organisaient leurs pots de départ. Il n'y avait pas de contrepartie hormis des "indulgences pour des PV", expliquèrent aux enquêteurs la trentaine de policiers entendus.

"De service en service, cela peut devenir un délit", assène le président Patrick Véron. "Je ne croyais pas que c'était un délit de recevoir des gens", assure l'agriculteur, qui a oublié pourquoi il détenait une fiche de police confidentielle. "Quand il y avait un problème dans la plaine du Var, des commissaires, le préfet Lambertin m'appelaient !", souligne Marcel Gordanengo, comme s'il voulait revivre ses années fastes : "J'ai même reçu les époux Pompidou !"  Le parquet a requis une peine de six mois de prison avec sursis, 10 000 euros d'amende et deux ans de privation des droits civils et civiques.

Jugement en délibéré le 18 mai.

Paul Barelli (Nice, correspondant)

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