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Entre Crau et Camargue
15 juillet 2008

Le Bayrou nouveau est arrivé

_cid_616245809_08052008_070FCelui-là peut gagner

 

Par Malakine. Qui n'hésite pas à écrire ce qu'aucun analyste politique n'ose prédire : un scénario gagnant pour François Bayrou en 2012.

François Bayrou a donné une interview très intéressante jeudi dans le Figaro, où il endosse à la perfection le rôle de premier opposant à Sarkozy. Pendant que l'ancienne candidate socialiste, la seule aujourd'hui à pouvoir sérieusement lui disputer ce titre, s'enfonce dans un délire paranoïaque pour attirer l'attention, le Béarnais dénonce à peu près tout ce que fait le pouvoir : dérive des finances publiques, main mise sur l'audiovisuel, déreglementation du temps de travail, politique d'immigration, projet d'union pour la méditerranée, retour dans l'Otan, sans parler bien sûr du style présidentiel toujours aussi égotique et grossier. Bayrou cogne de plus en plus dur.

Ceux qui annonçaient sa mort politique, faute de pouvoir exister dans la bipolarisation en seront pour leur frais. Si le modem est toujours un parti fantoche, Bayrou demeure plus que jamais l'ennemi numéro 1 de Sarkozy et son concurrent le plus dangereux pour 2012, si toutefois Sarkozy sera en mesure de se représenter, ce qui n'a rien de certain.

Bayrou est d'autant plus fort qu'il a su tirer les enseignements de ses échecs de 2002 et 2007 pour muscler son discours et changer son positionnement. L'adversaire de la bipolarisation est en passe de devenir le chef d'un vaste front républicain anti-sarkozy.

Sa réponse à la question de savoir s'il envisageait une alliance avec le PS dévoile clairement sa nouvelle stratégie :

      «Pour proposer au pays un destin autre que celui vers lequel on l'amène, il faudra des alliances larges. Les socialistes sont aujourd'hui devant de grandes difficultés de ligne et aussi de leadership. Donc, pour l'instant, ils s'enferment. Mais un jour, ils seront bien obligés d'ouvrir les yeux. Je pense aussi aux gaullistes. Ils vont vivre le choc du retour de la France dans le commandement intégré de l'Otan et le renoncement de ce qui faisait, symboliquement, l'originalité de la France dans le monde. Un jour, tous ceux-là se ressaisiront. Ce n'est plus pour moi affaire de partis ou de courants. C'est la France qui est bouleversée dans sa vocation historique, et je connais notre pays : dans ses profondeurs, il ne l'acceptera pas.»


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Une nouvelle stratégie
Jusqu'à la dernière campagne, le positionnement de Bayrou était purement centriste. Il voulait imposer un gouvernement des meilleurs, contre la bipolarisation, à l'abri des clivages idéologiques et de la politique elle même, une solution de moindre mal dans une offre inquiétante. A l'écouter, le problème fondamental de la France semblait êtrel'alternance et la démocratie bipolaire, qu'il voulait remplacer par un nouvel avatar de la commission européenne, un gouvernement d'élite, pénétré de dogmes pour conduire la seule politique qui vaille.

Quoiqu'il en dise, Bayrou a compris que cela ne marcherait jamais. Les Français n'ont pas assez confiance dans leur classe politique pour souhaiter voir sa quintessence arriver collectivement au pouvoir. Il lui fallait sortir de cette impasse stratégique et accepter le jeu de la bipolarisation. Il lui faut aussi capter les thèmes nationaux-républicains qui ont fait recette en 2007 pendant la campagne Guaino-Sarkozy.
 
L'ultime défenseur du modèle politique et social français
La mue a été silencieuse mais spectaculaire.
Bayrou n'est plus le tenant d'une démocratie rationalisée et apaisée, à l'allemande ou la bruxelloise : Il est l'ultime défenseur du modèle politique et social français que Sarkozy, ce néoconservateur libéral fasciné par le modèle américain, entreprendrait de détruire consciencieusement. Il n'est plus l'apôtre de la construction européenne et de son œuvre de normalisation libérale. Il se range désormais dans le rang des eurocritiques en appelant lui aussi à une « autre Europe » qui protège notre civilisation, notre identité et notre modèle social. Il n'est plus l'homme de la raisonnable synthèse entre la droite et de la gauche. Il se range résolument dans un camp, celui de l'anti-sarkozysme, et veut prendre la tête d'un vaste front républicain.

Au fil des mois, Bayrou gagne en épaisseur politique au point de commencer à devenir un personnage intéressant. Il faut prendre garde à ne pas confondre Bayrou avec le Modem. Son parti n'a en lui-même aucun avenir. Il est réduit, compte tenu des modes de scrutins, à jouer les supplétifs ou à faire de la figuration. Bayrou a enfanté un nouveau parti vert, un réceptacle décent et pratique pour un vote par défaut pour ceux qui ne savent pas (ou ne veulent pas) choisir entre la gauche et la droite. De ce fait, l'étiquette modem condamne ceux qui la portent à plafonner à 15% dans toutes les élections à faible participation.

Le « produit » Bayrou ne partage en rien ses caractéristiques. Il est formaté pour l'élection présidentielle et uniquement pour celle-ci. Sa posture haute, sa sagesse cultivée, sa mesure et sa bonhomie en font un candidat imbattable dans un second tour, quelque soit le candidat en face. Le plus dur étant de passer le premier.

Pour bien comprendre la nouvelle stratégie Bayrou, il faut faire un peu de politique fiction. Imaginons 2012 : les socialistes, échaudés par la campagne de 2007 et le pathétique destin de leur candidate qui n'a cessé que de leur faire honte depuis, n'ont aucune envie d'avoir une nouvelle fois à convertir un pourcentage en nombre de voix pour sauver l'apparence. Delanoë président, ils n'y croient pas. Ils se disent que jamais les Français ne voudront d'une tarlouze à l'Elysée. Eux, ça ne pose aucun problème, bien sûr, mais ils anticipent l'attitude du peuple pour voter efficace, ce qui revient finalement au même. Les plus politisés votent pour le facteur anticapitaliste. Les autres, la plupart, votent Bayrou. Delanoë s'effondre dans les derniers mois et finit à près de 10%

A droite Sarkozy est pris en sandwich entre deux pôles de la droite que son discrédit a laissé se reconstituer : Une droite techno-libérale emmenée par Dominique De Villepin et une droite gaullo-républicaine par Nicolas Dupont Aignan. Sarkozy est sous le feu des critiques. NDA le concurrence sur l'idée de rupture, notamment avec l'Europe. DDV sur l'idée de réformes et sur l'exercice de la fonction présidentielle. La campagne de 2007 ne peut être rejouée à l'identique. Sarkozy hésite entre bilan et projet, entre une campagne offensive et défensive, entre style présidentiel et démagogue populiste. Sa campagne ne prend pas. Sarkozy ne sauve les meubles que grâce au vote légitimiste de tous ceux qui vont bien, et notamment une nouvelle fois les retraités aisés issus des années d'opulence. Il arrive premier mais avec seulement 24%, talonné par le Béarnais à 22%, Villepin endossant le costume du troisième homme avec 16%, NDA apparaissant comme la révélation de la campagne avec un très honorable 8%.

Le deuxième tour est une formalité. Tous appellent à voter pour Bayrou, certains pour « faire barrage à Sarkozy » d'autres pour entrer dans la coalition gouvernementale. Bayrou est largement élu avec plus de 55% des voix. Il a réussi son pari. Il est président de la république et fédère une large majorité de droite et de gauche.

Bayrou président en 2012, l'hypothèse commence à devenir crédible.


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Source Marianne

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