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Entre Crau et Camargue
25 juillet 2008

Corinne Lepage: la pieuvre nucléaire

corinne_lepage

La décision annoncée par le Président de la république de construire un deuxième EPR révèle s’il en était besoin, la gravité de la situation française au regard du fait nucléaire. Notre prisme de plus en plus déformé à l’égard de l’industrie nucléaire est en passe de nous plomber sur le plan intérieur comme sur le plan international.
Entendons nous bien. Il ne s’agit pas de sortir du nucléaire ou de contester le nucléaire a priori même si nos élites ont la fâcheuse habitude de nier tout inconvénient. Il s’agit de mesurer les ravages que le choix aujourd’hui de l’EPR va provoquer dans le domaine de l’économie, de la recherche, de la gouvernance,et de la politique étrangère.
Sur le plan économique d’abord, la réalisation d’un puis de deux EPR, sans aucune étude d’impact économique et sociale préalable aboutit à préférer créer 400 emplois là où la même somme, soit 2 fois 3,5 milliards d’euros aurait permis, si elle avait été investie dans les énergies renouvelables d’en créer entre 50 et 100 000. De plus, la création de ce deuxième EPR, alors qu’EDF elle-même indique que nous n’en n’avons aucun besoin avant 2020, va ruiner l’industrie et l’effort naissant en faveur du renouvelable, directement concurrent du nucléaire. Car le nucléaire ne nous apporte rien pour remplacer le pétrole dans le transport et a été un formidable encouragement au gaspillage énergétique, au retard français dans le développement de l’efficacité énergétique et l’industrie du renouvelable qui dopent l’économie de nos voisins. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, cette décision de surcapacité volontaire va tuer l’intérêt économique des énergies alternatives puisque EDF ou Suez devront vendre leur électricité nucléaire qui ne se stocke pas et a une efficacité énergétique très faible.
Alors pourquoi cette précipitation alors même que les immenses difficultés rencontrées par Areva dans la construction de l’EPR en Finlande comme à Flamanville justifierait au contraire une réflexion de fond sur la filière de troisième génération ?
Il faut chercher la réponse non pas dans une nécessité énergétique qui n’existe pas ou qui justifierait une solution en faveur des ENR mais dans le mécano financiaro-industriel consistant à permettre à Bouygues de mettre la main sur Areva après avoir marié GDF et Suez sur le dos des abonnés au gaz qui ont et continuent à  payer la facture . Cette décision s’inscrit donc dans le choix de privatiser l’énergie y compris le nucléaire, la création d’un nouvel EPR étant destiné à orner la corbeille de la mariée. Or, cette privatisation nous fait courir un risque immense en terme d’indépendance nationale et  de sécurité Alors que l’Allemagne s’interroge sur les fuites de radioactivité d’un de ses laboratoires souterrains, a-t-on imaginé ce que représenterait pour l’agriculture et l’industrie agro-alimentaire françaises un problème de cette nature ?
Mais, les effets pervers ne s’arrêtent malheureusement pas là. En effet, le fléchage de l’immense majorité des crédits publics vers le secteur nucléaire et le CEA privent de moyens des pans entiers de la recherche française en particulier dans les nouvelles énergies et focalisent par exemple sur le plateau de Saclay, les moyens quia auraient pu aller vers les universités.

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