La fête des rameaux à Istres et ailleurs
LES ORIGINES DE LA FÊTE DES RAMEAUX
Cette
fête commémore en effet à la fois deux évènements qui semblent bien
contrastés : l'entrée solennelle de Jésus à Jérusalem, et d'autre part
sa passion et sa mort sur la croix. Ce dimanche des rameaux, dont le
nom liturgique est "Dimanche des rameaux et de la passion" est le VI°
dimanche de carême et début de la "Semaine sainte". En y participant,
nous aurons conscience d'entrer dans la grande semaine qui est tendue
vers la résurrection du Seigneur.
Beaucoup de chrétiens peu pratiquants viennent à la célébration des
Rameaux principalement pour avoir du buis béni qui chassera les
mauvaises influences de leur demeure. Ce comportement relève souvent de
la superstition. Ce n'est pas le sens de la fête des Rameaux, mais
c'est pour ces participants l'occasion d'entendre le récit émouvant de
la passion de Jésus, d'avoir la possibilité d'établir une relation
personnelle avec le Christ et un contact avec une communauté chrétienne
nombreuse et vivante. La beauté du rite provoque l'émotion.
L'Évangile (Mt 21,1 - 9, Mc11,1 - 10, Lc19,28 - 40) raconte qu'à
proximité de la fête de la Paques juive, Jésus décide de faire une
entrée solennelle à Jérusalem ou il va faire une manifestation
spectaculaire de sa mission en chassant les vendeurs du temple. Jésus
organise son entrée en envoyant deux disciples chercher un âne. Il
entre à Jérusalem sur une monture pour se manifester publiquement comme
le messie que les juifs attendaient. C'est une monture modeste comme
l'avait annoncé le prophète pour montrer le caractère humble et
pacifique de son règne.
Une foule nombreuse venue à Jérusalem pour la fête l'accueille en
déposant des vêtements sur son chemin et en agitant des branches coupé
aux arbres.
Quand ils approchèrent de Jérusalem et arrivèrent en vue de Bethphagé,
au mont des Oliviers, alors Jésus envoya deux disciples en leur disant
: " Rendez-vous au village qui est en face de vous ; et aussitôt vous
trouverez, à l'attache, une ânesse avec son ânon près d'elle ;
détachez-la et amenez-les-moi. Et si quelqu'un vous dit quelque chose,
vous direz : "Le Seigneur en a besoin, mais aussitôt il les renverra".
"
Ceci advint pour que s'accomplît l'oracle du prophète :Dites à la fille
de Sion : Voici que ton Roi vient à toi ; modeste, il monte une ânesse,
et un ânon, petit d'une bête de somme.
Les disciples allèrent donc et, faisant comme leur avait ordonné
Jésus, ils amenèrent l'ânesse et l'ânon. Puis ils disposèrent sur eux
leurs manteaux et Jésus s'assit dessus. Alors les gens, en très
nombreuse foule, étendirent leurs manteaux sur le chemin ; d'autres
coupaient des branches aux arbres et en jonchaient le chemin. Les
foules qui marchaient devant lui et celles qui suivaient criaient : "
Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur
! Hosanna au plus haut des cieux ! "
Le lendemain, la foule nombreuse venue pour la fête apprit que
Jésus venait à Jérusalem ; ils prirent les rameaux des palmiers et
sortirent à sa rencontre et ils criaient : " Hosanna ! Béni soit celui
qui vient au nom du Seigneur et le roi d'Israël ! "
Jésus, trouvant un petit âne, s'assit dessus selon qu'il est écrit :
Sois sans crainte, fille de Sion : Voici que ton roi vient, monté sur
un petit d'ânesse.
L'évangile de St Mathieu dit que les disciples coupaient des
branches aux arbres et en jonchaient la route (Mt 21/8). Ces branches
étaient probablement des rameaux d'olivier. Cependant, l'évangile de St
Jean dit que la foule pris des rameaux de palmier pour acclamer Jésus
(Jn 12/13) car c'était une coutume ancienne en orient d'acclamer un
héros en agitant des palmes.
L'usage des palmes existe dans les processions de certaines régions de
l'Italie, dans celles des provinces méridionales de l'Espagne et dans
celles du Portugal. Dans la plupart des départements français, elles
ont été remplacées par le buis, dans quelques-uns par le laurier et en
Provence par l'olivier.
On utilise des branches d'olivier en Italie, en Espagne. En Angleterre,
on bénit le saule marsault, en Hollande, le houx. En Pologne des
branchettes de saule symbolisent la renaissance et la résurrection. En
Allemagne, on utilise une plante formant une tige de bois ornée de
petite sphère duveteuse, dans d'autres pays, des branches d'if ou de
sapin.
A Jérusalem, on célébrait dès le 4ème siècle l'entrée de Jésus dans
la ville. L'église de Jérusalem en 383 invitait les pèlerins à
participer à une procession du village de Béthanie à Jérusalem "mimant"
l'entrée triomphale du Christ à Jérusalem. Egérie qui a été en
pèlerinage à Jérusalem, raconte la procession des Rameaux "Tous
tiennent des rameaux, les uns de palmiers, les autres d'oliviers; et
ainsi on escorte l'évêque à la manière dont le Seigneur a été escorté
ce jour-là".
Cette fête venait sans doute de Constantinople. Cet évènement n'a
pas donné lieu à une des douze grandes fêtes liturgiques orientales et
les icônes de l'entrée à Jérusalem se sont développées seulement au
16ème et 17ème siècle. A Rome, au moins depuis le 6ème siècle, le
dimanche précédant Pâques était celui de la Passion.
En occident à partir du 9ème siècle, s'est répandue la fête des
Rameaux, avec la procession. On trouve des représentations de l'entrée
de Jésus à Jérusalem au 10ème et 11ème siècle.
Pie XII dans sa reforme liturgique de la semaine sainte en 1956 a
associé la célébration romaine de la passion et la célébration des
Rameaux. Le dimanche qui précède les Rameaux était le "Dimanche de la
Passion", mais c'était le "Dimanche des Rameaux" que l'on faisait la
grande lecture de la passion.
La réforme liturgique de Paul VI (missel romain de 1970) a supprimé
le "Dimanche de la passion" et a donné au "Dimanche des rameaux" le nom
de " Dimanche des Rameaux et de la Passion "
Chez les orthodoxes, la fête des rameaux s'appelle fête des
Palmes. Dans la liturgie orthodoxe, le dimanche des Palmes est associé
à la célébration de la veille : le samedi de Lazare. Jésus, avant de
monter à Jérusalem, avait fait revenir d'entre les morts son ami Lazare
qui, depuis quatre jours, était enseveli. " Ces deux fêtes ont un thème
commun : le triomphe et la victoire. Le samedi a révélé l'ennemi qui
est la mort, le dimanche annonce la victoire, le triomphe du royaume de
Dieu et l'acceptation par le monde de son seul roi, Jésus-Christ"
(Olivier Clément, Le Mystère pascal).
Dans le Rite oriental, pour la Procession des Rameaux le célébrant
était jadis monté sur un âne. On trouve cette tradition en Italie et en
Espagne.