Le vendredi Saint
C'est d'abord à Jérusalem que l'on a célébré le Vendredi saint.
A Rome, la célébration du Vendredi saint n'apparaît qu'au VIIème
siècle. On trouve deux types de cérémonie. Il y a d'une part la
liturgie papale qui comprend seulement la lecture de la passion selon
St Jean et une longue prière universelle. On voit d'autre part la
liturgie célébrée dans les paroisses. Elle comporte l'exposition de la
croix sur l'autel, la lecture de la passion selon St Jean, la
récitation du Pater, la vénération de la croix et la communion. C'est
ce deuxième type de célébration qui se répand dans les pays francs.
Au XVIème, l'office fut reporté au matin et les fidèles participent
plutôt au chemin de croix vers 15 h. En 1955, la réforme liturgique a
rétabli l'office le soir.
Au cours de cet office du Vendredi saint qui ne comporte pas de
célébration eucharistique, on écoute "La passion de Notre Seigneur
Jésus Christ selon Saint Jean". On prie ensuite pour les grandes
intentions de L'Église pour le monde et on vient avec amour et
recueillement vénérer la croix de Jésus. L'office se termine par le
Notre Père et la communion avec les hosties qui ont été consacrées la
veille.
Dans l'après midi à trois heure, à l'heure de la mort du Christ, on
peut faire le chemin de croix en suivant Jésus depuis sa condamnation
par Pilate jusqu'à sa mort sur la croix.
Tous les ans le Vendredi saint, le pape préside le chemin de croix
au Colisée. C'est le pape Paul VI qui a repris en 1964 la tradition du
chemin de croix le Vendredi saint au Colisée. C'est un lieu
particulièrement symbolique des martyrs.
Plusieurs chemin de croix ont lieu dans les rues de Paris le
Vendredi saint entre midi et 14 h., en particulier il y a une monté du
square de la Villette jusqu’à la basilique du Sacré-Cœur.
L'Église demande aux catholiques de pratiquer le jeûne le mercredi
des cendres et le vendredi saint. Le maigre et le jeûne sont
obligatoire.
Le jeûne du vendredi saint comporte deux aspects. C'est un jeûne de
deuil pour le jour de la mort du Christ. C'est aussi un jeûne pascal :
avoir faim du Christ pour disposer le cœur à mieux accueillir le
Seigneur ressuscité.
Si on prend un repas à midi, on ne prend qu'une légère collation le
soir ou réciproquement. Sont dispensés du jeûne, les personnes de plus
de 60 ans, les jeunes de moins de 18 ans accomplis et les femmes
enceintes.
Relaté par les quatre Evangiles, le vendredi saint rappelle
annuellement le jour de la mise à mort de Jésus. Ce dernier, crucifié,
agonise sur une croix et remet son esprit entre les mains de Dieu qu’il
nomme « père ». Les cultes célébrés ce jour-là dans toutes les Eglises
chrétiennes rappellent cette mort. C’est un jour qui est de ce fait
empreint d’un profond respect et de tristesse.
La mort du Christ est centrale dans la foi chrétienne et la fête de
Pâques – jour de la résurrection du Christ - se comprend à partir du
désespoir et de la détresse absolue vécue ce jour-là. A cette extrémité
infinie correspond la victoire sur la mort, la désespérance va devenir
certitude et confiance inébranlable. Les martyrs témoigneront en
affirmant leur foi au Christ mort et ressuscité pour eux.
Le vendredi saint est aussi le moment où la communion avec toutes
les souffrances du monde est la plus soulignée. A la lumière de la
résurrection la commémoration de cette mort n’est pas que tristesse,
les croyants y discernent la plénitude d’un don qui est en train de
sauver le monde. Tout comme la mort est suivie de la résurrection, nous
croyons que l’Histoire sera menée à son terme, c’est à dire au Règne de
Dieu.
Ce jour est férié dans presque tous les pays de tradition
chrétienne, par exemple en Allemagne, au Canada, en Nouvelle-Zélande,en
Angola, au Royaume-Uni, en Suisse, dans les cantons protestants.
En France, le Vendredi saint est également férié dans les trois
départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle par suite du
maintien de la législation allemande qui l'avait instauré, alors qu'il
n'était pas prévu par le Concordat de 1801.
Je remercie mon ami André LAUGIER de m'aider dans mes recherches.
Pour information :
Les liturgies orthodoxes n'ont pas connu le Conseil de Trente et ont
lieu jour et nuit pendant la Semaine Sainte. Il n'y a pas d'heures
fixes et la durée, elle non plus, n'est pas standard. Comme pour la
religion catholique romaine, on sort l'Épitaphe avec le corps du Christ
de l'Église, mais l'emphase est beaucoup plus grande. Il s'agit d'une
réelle procession aux flambeaux qui déambule dans tout le quartier dont
dépend l'Église. Les maisons du voisinage ont leurs lumières allumées
et les habitants répandent de l'encens. Lorsque la procession se
termine, le corps du Christ est placé sous un dais dans la cour de
l'Église.
Le Vendredi saint est également une fête des morts. Beaucoup de
personnes se comportent comme au jour de la Toussaint. Le corps du
Christ retournera à l'Église au moment de la première résurrection
("proti anastasi") comme pour les catholiques.
C'est un jour de peine, de deuil et de jeûne chez les Catholiques,
mais chez les Protestants on célèbre l'abnégation du Christ qui est
mort pour les siens (d'où l'appellation "Good Friday", le Vendredi
Bon).
Jeûner, ou l’action de se priver volontairement de nourriture,
n’est pas un acte de foi naturel chez les protestants. Ni dans la vie
courante, ni au cours de retraites spirituelles, ni même au moment du
carême. Et pour cause : l’acte religieux ne peut pas acheter la grâce
de Dieu. On ne peut jeûner pendant très longtemps, cela ne changera
rien à la grâce de Dieu : il ne nous aimera pas plus. La bénédiction de
Dieu concerne tout le corps : priver son corps pour obtenir la
bénédiction de Dieu n’est pas dans la théologie protestante. Les
pasteurs constatent néanmoins que le jeûne a une place dans la Bible »
et que Jésus en parle. Ainsi, chaque fidèle est libre de choisir ses
actes religieux, pour faire plus de place à Dieu dans sa vie. Le jeûne
relève donc, pour les protestants, d’une décision individuelle
librement consentie.